A tous les enfants, Boris VIan
Par un brumeux matin d'avril
Je voudrais faire un monument
A tous les enfants qui ont pleuré le
sac au dos
Les yeux baissés sur leur chagrin
Je voudrais faire un monument
Pas de pierre, pas de béton,
Ni
de bronze qui devient vert
Sous la morsure aiguë du temps
Sous la morsure aiguë du temps
Un monument de leur souffrance
Un monument de leur terreur
Aussi de leur étonnement
Voilà le monde parfumé
Plein de rires, plein d'oiseaux bleus
Soudain griffé d'un coup de feu
Plein de rires, plein d'oiseaux bleus
Soudain griffé d'un coup de feu
Un monde neuf, où
sur un corps qui va
tomber
grandit une tache de sang
Mais à tous ceux qui sont restés
Les pieds au chaud sous leur bureau
Les pieds au chaud sous leur bureau
En calculant
le rendement
De la guerre qu'ils ont voulue
De la guerre qu'ils ont voulue
A tous les gras, tous les cocus
Qui ventripotent dans la vie
Qui ventripotent dans la vie
Et
comptent et comptent leurs écus
A tous ceux-là je dresserai
Le monument qui leur convient
Le monument qui leur convient
Avec la schlague, avec
le fouet,
Avec mes pieds, avec mes poings
Avec des mots qui colleront
Sur
leurs
faux plis, sur leurs bajoues
Des marques
de
honte et de boue
Ce poème écrit par Boris Vian probablement en 1954 n'a été mis en chanson qu'après sa mort.
Musique composée par Claude Vence
Principaux interprètes : Catherine Sauvage, Joan Baez
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