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Showing posts from May, 2020

Le bout du bout, Raymond Devos, Olympia 1999, vidéo et transcription reproduisant toutes les élisions de schwa

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S’adressant au public : Un jour, j’étais en train d’ tailler un morceau d’ bois... Mon pianiste vient, i’ m’ dit : - Voulez-vous m’ passer c’ bout d’ bois, s'il vous plaît ? Alors j’ lui dis : - Lequel des deux bouts ? I’ m’ dit : - Y a qu’un bout d’ bois,  j’ vois qu'un bout d’ bois. J’ lui dis : - Parce que vous vous exprimez mal ! Parce qu'un bois, ça a deux bouts. Alors, i’ n’ faudrait pas dire   le bout de bois, mais  les deux bouts d'un bois ! Alors,  i’ m’ dit : - Les deux bouts d'un bois,  d'abord, ça sonne curieux ! On entend les deux boudins , comme ça… On n’ sait pas s'il s'agit de bouts d’ bois ou d’ bouts de boudin ! J’ lui dis : - N’ plaisantons pas ! S'il s'agissait de bouts d’ boudin, on dirait les deux bouts d'un boudin  ! On n’ dirait pas les deux bouts d'un bois  ! I’ m’ dit : - J'ai toujours appelé un bout d’ bois un bout d’ bois, moi, alors, passez-moi c’ bout d’ bois ! J’ lui

Scénario du film de Mathieu ZEITINDJIOGLOU, Parlez-nous de l'amour - Pour le cours de phonétique française

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Parlez-nous de l’amour... Les examinateurs Monsieur, vous êtes ici pour concourir à l'examen d'entrée à la prestigieuse école des Sciences Politiques de Paris. Vous vous apprêtez à passer, dans quelques instants, l'épreuve ultime de ce concours, l'épreuve la plus célèbre, la plus intransigeante. L'entretien oral vous permettra peut-être d'intégrer le cercle privilégié, la crème de la crème de l'élite intellectuelle française. Monsieur, vous avez exactement dix minutes pour nous parler de l'amour. Le candidat (embarrassé, après un long silence) :  Excusez-moi... je pensais qu'il s'agissait d'un test de géopolitique... - Le temps passe, monsieur... Le temps passe ! Une voix intérieure inspire enfin le candidat. La voix (murmurant) : Mon amour, je t'aime ! Je t'aime, mon amour. Le candidat : « Et là où l’Homme dans la souffrance perd la parole, un dieu m’a donné de dire ce que j’endure. » C’est

Lettre de Baudelaire à Narcisse Ancelle: "Je me tue parce que je ne puis plus vivre."

30 juin 1845 Quand Mlle Jeanne Lemer vous remettra cette lettre, je serai mort. -- Elle l'ignore. Vous connaissez mon testament. -- Sauf la portion réservée à ma mère, Mlle Lemer doit hériter de tout ce que je laisserai, après paîment [sic] fait par vous de certaines dettes dont la liste accompagne cette lettre. -- Je meurs d'une affreuse inquiétude. -- Rappelez-vous notre conversation d'hier. -- Je désire, je veux que mes dernières intentions soient strictement exécutées. -- Deux personnes peuvent attaquer mon testament ; ma mère et mon frère -- et ne peuvent l'attaquer que sous prétexte d'aliénation mentale. -- Mon suicide ajouté aux désordre divers de ma vie ne peut que les servir pour frustrer Mlle Lemer de ce que je veux lui laisser. -- Il faut donc que je vous explique mon suicide et ma conduite à l'égard de Mlle Lemer, -- de telle sorte que cette lettre adressée à vous, et que vous aurez soin de lui lire, puisse servir à sa défense, en cas que mon

Les petites vieilles, de Charles Baudelaire - Poème audio

Les petites vieilles   écouter le poème   de Charles Baudelaire  À Victor Hugo I Dans les plis sinueux des vieilles capitales, Où tout, même l’horreur, tourne aux enchantements, Je guette, obéissant à mes humeurs fatales Des êtres singuliers, décrépits et charmants. Ces monstres disloqués furent jadis des femmes, Éponine ou Laïs ! Monstres brisés, bossus Ou tordus, aimons-les ! ce sont encor des âmes. Sous des jupons troués et sous de froids tissus Ils rampent, flagellés par les bises iniques, Frémissant au fracas roulant des omnibus, Et serrant sur leur flanc, ainsi que des reliques, Un petit sac brodé de fleurs ou de rébus ; Ils trottent, tout pareils à des marionnettes ; Se traînent, comme font les animaux blessés, Ou dansent, sans vouloir danser, pauvres sonnettes Où se pend un Démon sans pitié ! Tout cassés Qu’ils sont, ils ont des yeux perçants comme une vrille, Luisants comme ces trous où l’eau dort dans la nuit ; Ils ont les yeux divins de la petite fille Qui s

Correspondance : lettres de Victor Hugo à Charles Baudelaire, octobre 1859

Lettres de Victor Hugo À Charles Baudelaire. Hauteville-House, 6 octobre 1859.  Votre article sur Théophile Gautier est une de ces pages qui provoquent puissamment la pensée. Rare mérite, faire penser ; don des seuls élus. Vous ne  vous trompez pas en prévoyant quelque dissidence entre vous et moi. Je comprends toute votre philosophie (car, comme tout poète, vous contenez un philosophe) ; je fais plus que la comprendre, je l’admets ; mais je garde la mienne. Je n’ai jamais dit : l’art pour l’art ; j’ai toujours dit : l’art pour le progrès. Au fond, c’est la même chose, et votre esprit est trop pénétrant pour ne pas le sentir. En avant ! c’est le mot du progrès ; c’est aussi le cri de l’art. Tout le verbe de la poésie est là.  Que faites-vous quand vous écrivez ces vers saisissants :  les Sept Vieillards et  les Petites Vieilles , que vous me dédiez et dont je vous remercie ? Que faites-vous ? Vous marchez. Vous dotez le ciel de l’art d’on ne sait quel rayon macabre. Vous c