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Showing posts from April, 2022

Catherine, sketch de Sylvie Joly avec transcription intégrale du texte

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  Catherine   Vous avez appris, sûrement, qu′ nous avions acheté un nouvel appartement ? Non, vous n’ le saviez pas ? Sensationnel ! On a tout r’fait, naturellement, ça nous a beaucoup amusés, Philippe et moi.  On a entièrement r’pensé l′aménagement et la décoration. Et je suis ravie parce que tous les amis qui viennent chez nous me disent : "Catherine, votre appartement est formidable !  C'est un appartement qui raconte une histoire, qui est chaud, qui vit…" Absolument, absolument ! Bon, bien sûr, y a l'harmonie des couleurs, les jolis meubles, les moquettes épaisses, les bibelots rares, mais, j′crois que c′que les gens sentent en plus tout d'suite, c′est que Philippe et moi, on est un couple qui s'adore. Avec des gosses adorables, ça j′suis bien obligée d'le reconnaître : détendus, intelligents, équilibrés. C′est amusant, d'ailleurs, tout l'monde me dit : "Catherine, vous êtes une femme, une mère extraordinaire." "Pour réussir si b

Ondine, texte de l'humoriste Pierre Desproges

  Ondine, Pierre Desproges Par la fenêtre entr’ouverte, Ondine regarde la mer. (Pas la mère, la mer). Elle est amère. (Pas la mer, Ondine). Son œil scrute l’horizon où sa mère doit … (pardon), son œil scrute l’horizon où son père doit pêcher le congre ou le bar. Le congre que le bar abhorre ou le bar que le congre hait. Car Ondine a la dalle et la mère a les crocs. Selon qu’il aura pris la barque à congres ou la barque à bars, le père devra remplir la barque à congres à ras bord de congres ou la barque à bars à ras bord de bars. Or, il a pris la barque à bars. l’irréelle clarté des fonds marins mordorés où s’insinue le congre que, donc, le bar abhorre. Ben oui : le bar abhorre le congre par atavisme. Le congre est barivore. Et donc le bar l’abhorre. Si vous voulez, le bar est fermé aux congres du fait même que le palais des congres est ouvert au bar.

"Compatissons aux misères humaines à peu de frais" de l'humoriste Pierre Desproges (1982), avec transcription

Vidéo de la minute nécessaire de Monsieur Cyclopède Démuni de tout, écartelé entre le prix exorbitant du topinambour et la hausse inexorable des loyers des taudis, le pauvre crie famine : « Famine ! »  Merci. Digne dans la douleur, sublime de résignation, ces malheureux sont nombreux à me faire part de leur souhait de ne pas mourir sans savoir à quoi ressemble un gros billet d’ banque. Car l’argent, disent-ils, "on en entend souvent parler, mais on n’en voit pas souvent la couleur."  Eh bien, chers pauvres, soyez exaucés, vous allez enfin voir la couleur de l’argent.   Regardez bien.  Pierre Desproges tient ostensiblement un billet de cinq cents francs. Alors voyez-vous, c’est jaune, ‘fin c’est dans les jaunes. Étonnant, non ?