Tics de langage (suite)


Chers étudiants et amis,

Je me suis livré à une petite recherche d’archives d’émissions de radio ou de télévision (Radioscopie, Bouillon de culture, etc.) grâce à l'INA qui a rendu ses documents publics, et j'ai constaté que la vitesse d’élocution était globalement moindre, il y a trente ans. 
En effet, on doit beaucoup à la technologie mais elle nous a fait perdre cette vertu qu'est la patience.
Autrefois, les pauses ou silences entre les membres de phrase permettaient de se concentrer avant que les mots ne viennent et le recours aux tics de langage – qui servent en partie à meubler et à garder le même débit de parole – était moins nécessaire et beaucoup moins systématique qu'aujourd'hui où la plupart des gens parlent très vite et se précipitent, dans une interview par exemple, pour répondre à une question, sans laisser le moindre blanc.
Dans ma jeunesse lointaine, le tic le pus fréquent dont je me souvienne était "n'est-ce pas" et parfois dans sa version inarticulée "n's'pas", comme on peut entendre maintenant "jstment" (au lieu des trois longues syllabes). Mais ce tic n'était pas généralisé.
Aujourd'hui, l'information est très accessible et en théorie très riche. Je dis en théorie parce qu'on partage tous les mêmes pages ou médias à grande échelle. Conclusion, le vocabulaire est plus limité et il est devenu uniforme, standardisé ; tout le monde parle de la même manière. Dans le passé, il nous arrivait, lors d'une discussion avec des Français ou des étrangers francophones d'avoir le plaisir d’entendre dans leur bouche des mots qu'on n'employait pas ou qu'on entendait peu. On pouvait avoir son propre style de langage ou sa touche verbale personnelle et cela avait même un certain charme. Ce phénomène est infiniment plus rare aujourd'hui.

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