Fleur de Seine, Monique Morelli, avec transcription fidèle

 



C’était une môme de dix-huit ans
V’nue au monde un jour de déveine, 
La p’tite n’avait plus de parents
Libre de son dimanche et de sa s’maine
À s’ balader d’un air fripon
De Billancourt à Bagatelle, 
La nuit elle couchait sous les ponts
Car la rivière, c’était chez elle

Elle avait un jupon plein d’trous
À fréquenter des tas d’voyous
Mais quand elle passait auprès d’vous
Avec ses grands yeux noirs si doux
Le jeune homme comme le patriarche
Désireux d’ la prendre sous l’arche
S’disait « c’est le printemps qui marche »

Elle était belle comme les amours
Des ch’veux blonds un cœur de grisette
Mais d’vagabonder tous les jours
C’est pas facile d’ rester honnête, 
Aussi se donna-t-elle sans peur
A Charlot, terreur de la berge, 
Qui lui prit sa taille et son cœur
un soir dans un bosquet d’auberge

Elle avait un jupon plein d’trous
À fréquenter des tas d’ voyous
Mais quand elle passait auprès d’ vous
Avec ses grands yeux noirs si doux 
Voyant sa frimousse aguichante
Comme un beau jour qui vous enchante 
On s’disait "C’est l’ printemps qui chante"

A force de passer des nuits
A r’garder la lune argentine, 
D’avoir des coups et des ennuis, 
Elle s’en alla de la poitrine, 
Puis un jour elle s’jeta à l’eau, 
Morte, elle était encore jolie
Elle avait fait l’dernier dodo
Dans le lit d’la Seine, son amie

On l’a foutue dans un grand trou
Sans croix, sans nom, comme un toutou, 

à Pantin, Là-bas tout au bout

par un matin d’juin beau comme tout

et seul un rôdeur de rivière 

l’ayant suivie jusqu’au cimetière

s’disait « c’est l’ printemps qu’on enterre »

Interprète : Monique Morelli

  • Paroles : Eugène Joullot et Fernand Disle 
    Musique : Émile Spencer, 1901.


 


Comments

Popular posts from this blog

Bah ou ben ? Ne pas confondre ces deux interjections.

La pause, sketch d'Albert Dupontel, avec texte intégral

Une noix, chanson de Charles TRENET, un véritable poème